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Le Klaxon

Notes

Frédéric O. Sillig



1968


Pour l'heure, mes apéritifs vespéraux sur une terrasse de café sont agrémentés par une corne de brume. Un klaxon humain émanant de l'organe d'une jeune femme bien en chair dont l'entourage ne cesse de s'esclaffer entre ses tirades entrecoupées de hurlements audibles à 500 mètres. Hors de son premier cercle, un sobriquet ne se fait pas attendre : « Le Klaxon ». Évidement ! Rapidement l'auditoire s'agrandit et s'attache à sa production d'instantanés autobiographiques visiblement caricaturés mais d'un réalisme surprenant. Bientôt la parodiste se transforme en coqueluche et attire bien des badauds qui se tiennent debout en bordure de trottoir pour écouter ces tonitruantes prestations.
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Les semaines passent, je suis invité à participer en tant que musicien à une soirée culturelle anniversaire d'un petit théâtre de la ville. La soirée doit se dérouler sous un aspect protéiforme et improvisé, ponctuée par des intermèdes jazzistiques tout aussi improvisés, réunissant des musiciens d'horizon divers. Petit à petit un programme se constitue. Une chanteuse réaliste, un prestidigitateur, des duettistes comiques, un diseur de poésie, tous ordonnancés par le maître de cérémonies qui n'hésite pas à inviter l'un ou l'autre des spectateurs doté que quelque talent, à monter sur scène pour une petite production. Nous autres musiciens restons en coulisse prêts à intervenir en fin de chaque numéro tout en fabricant pour les suivants une ébauche de répertoire ou en essayant de constituer des formations éphémères en fonction des qualités disponibles. Dans le fond de ce que l'on appelle l'arrière-scène, trois chaises occupées par deux frêles filles en jeans entourant une autre plus corpulente en longue robe noire : « Le Klaxon ». L'occasion est toute trouvée pour adresser sa production de brasserie à un public confortablement installé dans une salle de théâtre, fût-il le même en grande partie. Ce qu'il lui est chaudement proposé par les occupants du lieu. Le refus est catégorique. La scène, c'est pour les pros. Les sketches ne sont pas au point etc. Toutes les excuses et prétextes pour échapper à la lumière sont exposés de manière timide puis énergique, enfin avec une extrême violence. Mon ami le tromboniste arrive à rendre l'oiseau raisonnable avec une plaidoirie dont il a le secret. Raisonnable, oui, mais opposée à toute production ici et maintenant. Je pose ma guitare dans un endroit sûr et je m'implique dans la démarche. Debout, la rebelle nous fait face à tous les deux. Tout en essayant de la calmer nous l'entraînons à reculons vers l'extrémité du local fermé par un rideau. Le rideau s'écarte, nous poursuivons notre route pour brusquement faire volte face et repasser le rideau. Notre victime hébétée ne remarque pas immédiatement l'ouverture – derrière elle – d'un autre rideau qui déclenche un tonnerre d'applaudissements. La suite ?...
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La suite, c'est le Théâtre Montparnasse, Le Café-théâtre de la Vieille-Grille, en passant par un rôle dans une pièce de Ionesco à l'Opéra de Lyon, le Théâtre de l'Atelier, le Vieux-Colombier avant le tournage de son spectacle pour la télévision, puis le Théâtre de la Ville à Paris, puis une tournée à travers la France, la Belgique, la Suisse, le Maroc et le Canada. Ensuite à Bobino le tournage de son spectacle par le cinéaste Yves Yersin. Pour Jacques Doillon, un magnifique rôle avec Pierre Dux destiné à la télévision. Puis le Théâtre de Paris, et le Bataclan. Enfin nombre de tournages avec Michel Drach, Fabrice Cazeneuve,Sergueï Bodrov, William Klein entre autres,.

En proie à de très gros problèmes de santé, elle lutte maintenant pour la vie depuis plus de vingt ans.

Salut Zouc !
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rquad.jpg   FOS © 2 mars 2015

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