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Paul Chevalier

Nécrologie

Frédéric O. Sillig





Paru dans le Journal du Jura du 23 décembre 2000 et dans le Quotidien Jurassien du 24 décembre 2000


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C'est sur le matériau souverain et emblématique de sa principale passion, la terre battue, que Paul Chevalier nous a quitté ce lundi après un « service gagnant », quatre jours avant son soixante-dix-septième anniversaire. Il est en effet né un 24 décembre à Berne, où il passe avec ses deux frères une enfance sans histoires mais sous le signe de l'austérité et aussi d'une certaine rigueur qui restera sa compagne et surtout sa meilleure alliée dans l'affrontement des multiples aléas de son existence. Conjuguée à une sphère familiale francophone, une scolarité complète suivie dans cette même ville lui donnera le statut d'un absolu bilinguisme. A l'aube de la deuxième guerre mondiale, c'est le départ pour Moutier où l'appelle l'opportunité d'un apprentissage de mécanicien de précision chez Bechler, hélas entrecoupé par nombre de périodes de mobilisation dans la DCA. Sa destinée professionnelle le conduit ensuite à Zürich où il occupe un poste de travail chez Siemens Albis qu'il assume de front avec les études au technicum du soir dont il sera bientôt diplômé. Peu après son mariage en 1952 à Odette Winkler, le voici de retour à Moutier où il est embauché à l'usine Petermann puis après un bref détour dans l'horlogerie, chez Lanco à Langendorf, il entre aux établissements Condor à Courfaivre pour lesquels il assumera la charge de chef de production et d'exploitation jusqu'à sa retraite. Son sens de l'éclectisme et son opiniâtreté le conduit à entreprendre au début des années soixante la construction d'un bâtiment, rue de la Paix, dont il établit lui-même les plans, en parfait professionnel et sans aide extérieure. C'est dans cette maison qu'il s'installe avec son épouse et ses deux enfants Pierre-André et Anne-Catherine et que désormais il continuera de nourrir ses multiples passions dans des domaines très divers en parallèle à ses responsabilités professionnelles. La musique, par exemple, a tenu une grande place dans sa vie puisque depuis l'age de 12 ans, il cultive l'art de la clarinette dans diverses formations, en passant par l'orchestre du Foyer de Moutier dont il fit partie, et d'un trio avec violoncelle et piano qu'il a formé avec des amis et animé jusqu'à aujourd'hui. Le ski qu'il n'a jamais cessé de pratiquer, les interminables randonnées en forêt, l'amour de la nature qu'il a su si bien transmettre à ses enfants font partie de tout ce qui caractérisait Paul Chevalier en dehors de son abord chaleureux, sans oublier sa proverbiale capacité de faire rire son entourage par sa pétillance toujours empreinte, il faut le dire, d'un brin de provocation. On pense bien entendu à son génie compulsif de créer l'utilitaire au travers d'une magique métamorphose d'objets de récupération. Éclectisme, inventivité, humour, persévérance, opiniâtreté; mais discretion aussi sur d'autres aspects plus secrets de sa personalité qui se manifestaient par une très grande reserve sur les épreuves qu'il lui a été donné de subir. Une grave maladie qui l'a accablé peu après sa retraite et surtout la perte de son épouse voilà deux ans. Des éléments qui probablement l'ont conduit à se pencher, comme à l'accoutumée avec assiduité et persévérance, sur des disciplines plus sensibles telles que la sophrologie, le yoga ou le Qi-Gong. Mais c'est par-dessus tout le tennis qui occupait la position privilégiée dans le catalogue de ses activités et de ses passions et qui lui a offert, tel que Molière, une sortie en phase avec ses aspirations les plus aiguës.
Une épitaphe? « Il a tout supporté... excepté l'inactivité ! ».
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rquad.jpg   FOS © 22 décembre 2000

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